Tzik, tzik, tzik, ksss, ksss dans le bus.
C'est bien connu, la musique adoucit les moeurs. En tous cas, c'est ce qu'on peut constater dans les transports en commun nantais. Ces jours-ci, les bus et tramways nantais arborent une affiche, invitant les passagers à modérer le volume d'écoute de leurs baladeurs MP3.
Qui d'entre vous ne s'est pas senti un jour irrité dans un autobus, un tramway ou un métro, lorsqu'à deux mètres de vous, un "addict du baladeur", vous sert son agaçant tzik-tzik (d'où le titre énigmatique de ce billet).
Apparemment,
certains individus ne se rendent sans doute pas compte du volume
sonore qu'ils sont censés écouter. Admettons que le
grésillement d'un casque, à 2 mètres de distance
donne 50 décibels de niveau sonore (l'intensité d'une
conversation en milieu calme) et que ce casque délivre la
purée à environ 2 cm du tympan chez le voyageur
sans-gêne. Dans ce cas, le rapport des distances est de 100
pour 1. Pour ceux que cela intéresse, les proportions de
niveau sonores se quantifient suivant la loi inverse au carré
des distances. Cela signifie que notre addict du baladeur reçoit...
10 000 fois plus de niveau sonore que vous à une distance de 2
mètres.
Sachez
que lorsque le niveau sonore augmente 10 fois, il faut ajouter 10
décibels, 100 fois = 20 dB. Dans le même ordre d'idée,
une augmentation d'un facteur 10 000 est égale à une
augmentation de +40 dB donc, 50 + 40 = 90 dB !
Moralité,
notre accro aux décibels écoute son groupe préféré
au-delà du seuil de danger (fixé à 85 dB) et,
par-dessus le marché, avec un temps de parcours parfois
supérieur à 1 h (en trajet simple).
Répétée
quotidiennement, cette pratique entraîne une détérioration
prématurée de l'audition qui, non seulement, survient
de façon sournoise mais elle est également
irréversible. De plus, cette perte provoquée s'ajoute
au vieillissement naturel de l'audition.
Autre
point, le son délivré par certains casques, qui
"tirent" vers l'aigu (avec les "correctos" réglés
sur "Flat" ou "Normal"). Superposée au
bruit du véhicule, essentiellement constitué de
fréquences graves, la musique peine à se faire
entendre. Du coup, on monte le volume. Au pire, on active le mode
Loudness, assez ravageur au passage, alors qu'un simple ajout de
basses suffit à combler l'équilibre.
Et les
oreillettes alors ? Etant, par nature plus déséquilibrées
que les casques, elles incitent à pousser davantage le volume
en milieu bruyant. Inconsciemment, on tente de retrouver l'équilibre
sonore tel qu'il est perçu au calme et là, c'est la
catastrophe !
Quant
aux semi-intras, genre EP 630 ou FX33, leur relative isolation aux
bruits peut préserver une écoute correcte, encore que
les sons graves venant de l'extérieur ne soient pas toujours
filtrés. De plus, lorsque quelqu'un vous parle, mieux vaut les
retirer.
Soyons clairs, ce billet n'a pas pour but de jouer les pères Fouettard. Sa vocation n'est pas d'empêcher les ados et moins jeunes d'utiliser les équipements d'écoute nomades. Simplement, il convient de prendre conscience que l'écoute prolongée de musique au baladeur n'est pas dénuée de risques. Selon les professionnels de santé, une heure d'écoute par jour à niveau moyen se situe dans les limites de l'acceptable.