La face cachée de l'audition

Si vous êtes lecteur assidu voire, régulier de ce blog, vous savez qu'il est consacré à l'univers sonore qui nous entoure. Nous évoquons les différentes particularités du son, de sa genèse jusqu'à sa perception (essentiellement humaine), en passant par sa transmission dans le milieu aérien, sans oublier qu'une onde sonore peut se propager dans d'autres milieux, les éléments solides et liquides.

Que se passe-t-il lorsque les ondes sonores ont franchi la trompe d'Eustache et qu'elles parviennent au tympan ? Pour le commun des mortels, cet aspect des choses demeure inconnu.

Par le passé, différents chercheurs se sont intéressés à la question. Parmi eux, citons Georg Von Bekesy ainsi que Fletcher et Munson.

Georg Von Bekesy (1899 – 1972) s'est intéressé aux seuils d'audibilité (seuil à partir duquel un son commence à être perçu). Il a ainsi découvert qu'un son n'est pas perçu à partir d'une valeur limite, fixée une fois pour toutes, que ce niveau minimal varie selon qu'il suive une période de silence ou qu'il soit consécutif à un son déjà perçu. Il a également étudié la transformation des ondes sonores en influx nerveux.

Harvey Fletcher (1884 – 1981) et Wilden A. Munson se sont intéressés à la perception du son selon les fréquences perçues par l'oreille. En 1933, leurs travaux ont montré que l'oreille humaine ne perçoit pas toutes les fréquences avec une intensité égale : A mesure que l'intensité sonore baisse, les fréquences extrêmes (très graves et très aigües) perdent davantage en intensité que les fréquences du registre médium. Ils en ont tiré des courbes qui sont couramment utilisées en acoustique, pour concevoir les circuits "Loudness" présents sur les amplificateurs de chaînes hifi ou pour la pondération des sonomètres, afin de mesurer exactement ce que perçoivent les oreilles du genre humain.

Un autre chercheur, plus proche de nous, Thierry F. Malet (qui a écrit des articles assez pointus dans Sono Mag), s'est intéressé aux variations de la perception auditive (variations de volume, de hauteur tonale et temps de perception).

L'étude de la perception auditive ne s'est pas uniquement cantonnée aux expériences de laboratoire. Elle s'est poursuivie avec différents groupes, issus de la population. Ainsi, il a été démontré qu'il n'existe pas une "audition normale type" mais plusieurs variantes restant dans les limites d'une perception ordinaire (pertes allant de 0 à -20 décibels). Dans la population générale, chaque tranche d'âge possède un profil auditif qui lui est propre, variant selon que les pays d'origine soient industrialisés ou non.

Parmi la population générale, il existe des profils particuliers, qui concernent les personnes ayant une déficience auditive, dont la proportion évolue lentement selon les âges et augmente sensiblement après la soixantaine.

Actuellement, d'autres voies de recherches sont en cours. Citons la perception stéréophonique, la compréhension de la parole dans différentes langues ou l'impact du bruit sur l'audition qui, dans les années à venir, vont nous apporter leur lot de surprises.